Monday, May 01, 2006

Story

Alexandra Meurant

Je rencontrai le travail d’Alexandra Meurant par hasard, au détour d’un couloir de l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg, où nous effectuions toutes deux nos études, il y a quelques années. Deux grands tirages photographiques noir et blanc séchaient, solidement arrimés à une grande planche de bois par des morceaux de scotch brun. Ils représentaient tous deux une jeune fille en train de manger une glace, à la différence près que, sur un cliché, elle regardait quelque chose dans le « hors champ », et que, dans l’autre, elle fermait les yeux. On passait avec facilité d’un cliché à l’autre, hop, yeux ouverts, yeux fermés, comme dans un moment fugace dont on saisissait avec clarté la fraîcheur et la simplicité, la saveur citronnée de la glace, la chaleur du soleil, la distraction de la foule derrière. La rencontre avec la fille à la glace, hop, yeux ouverts, yeux fermés, me poursuivit quelques jours encore ; puis, les photos sèches, elles disparurent et ainsi s’acheva ma première rencontre avec le travail d’Alexandra.
Cette première rencontre me donne à présent matière à éclairer le reste de sa pratique, à la lumière de cette histoire de rythme et de visage.
Bien sûr, Alexandra développe en premier lieu une pratique de portrait. Le visage humain et les différentes façons dont on peut le capturer en image sont pour elle source de créativité sans cesse renouvellée : diptyques yeux ouverts, yeux fermés, mais aussi portraits d’enfants, d’amis, d’inconnus (mariés et acteurs, Alexandra s’attelant au portrait de commande avec une fraîcheur et un enthousiasme foncier), et surtout d’habitants d’un village de Provence où elle effectua une résidence deux ans durant : Lourmarin.
A Lourmarin encore, où elle photographie avec constance et curiosité les habitants un par un, le maire, le boulanger, l’épicier, les vieilles dames discutant, les enfants et les parents, le postier et les jeunes du village, le restaurateur épicurien, on peut encore sentir cette histoire de rythme, l’instant délicat de la pose, figée avec spontanéité entre deux instants fugaces. Le talent de la photographe est alors de nous faire sentir cette vie, l’instant où le modèle, en confiance, peut tout aussi bien fermer les yeux en une offrande faite à la vérité de l’appareil photographique.
Cette envie de regarder véritablement, en toute objectivité, pourrait en fin de compte se reformuler en disant qu’Alexandra Meurant photographie le visage comme un paysage.
Cette constatation l’amène alors, dans un souci de curiosité théorique, à effectuer le trajet inverse : dernièrement, elle s’attache à photographier, dans le même souci diptyque qui révélait déjà tant de choses dans les clichés jumeaux de la fille à la glace, les paysages comme des visages.
Alors voilà : Alexandra fait à présent des photographies appartenant au genre (parfois dévoyé parce que considéré à tort comme platement commercial), de la photographie de « décoration ». Alexandra photographie maintenant des intérieurs, avec sensibilité, consciencieusement, comme elle acceptait avec une intelligence rare l’aspect contraignant du portrait de commande, en tant qu’il génère un mode de relation particulier entre le modèle et le photographe. Elle s’intéresse maintenant au lieu de vie de ses modèles. Dans ceux-ci elle traque les petits signes d’usage, qui maintiennent un intérieur en vie et décèlent la présence discrète de leurs propriétaires, les petites manies, les conforts rassurants. Alexandra fait cela avec délicatesse ; ainsi, lorsqu’elle arrange côte à côte le portait de Hervé, un artiste français installé à Berlin, à côté d’un cliché de son intérieur, platine vinyle désuète, piles de disques français appuyés avec mélancolie sur le rebord de la fenêtre, dans une lumière de contre-jour évoquant un froid milieu de journée dans le nord de l’Europe, le visage que nous découvrons ne nous est pas inconnu ; ses yeux ont contemplé cette fenêtre pâle, l’appareil solitaire, tout comme nous sommes en train de le faire simultanément, dans un triangle parfait entre modèle, photographe, et spectateur.
Maintenant, vous pouvez peut-être vous amuser à saisir les mouvements des habitants de Lourmarin, puisqu’il s’agit d ‘eux ici, à la lumière de ces considérations sur le travail d’Alexandra. Non qu’il s’agisse d’une pratique conceptuelle que la sienne : les clichés se livrent d’eux même et avec franchise, recourant à une énergie visuelle et à une maîtrise technique de la photographie remarquable. Mais ce fond théorique, cette interrogation intrinsèque et accompagnant toujours l’aspect pratique du geste photographique, permet à Alexandra de saisir, avec une sensibilité et une honnêteté rares l’humanité de ses modèles, avec un souci pictural n’étant pas sans rappeler les nobles préoccupations du médium par lequel elle a d’abord commencé, la peinture.

Dorothée Dupuis


CV

Alexandra MEURANT
197, rue du Fbg St Martin
75010 PARIS
06 82 94 38 37
alexmeurant@hotmail.com

née le 23 Février 1980 à DOUAI



Cursus
1998-2003 : ESAD STRASBOURG
1997-1998 : Ateliers de Sèvres PARIS 6e
1996-1997 : Bac L option Art

Diplômes obtenus :
2003 : DNSEP option Art mention
2001 : DNAP option Art mention

Langues :
Anglais, Espagnol, Allemand

Logiciels :
Word, Photoshop, Illustrator, Final cut.

Expériences professionnelles :
2004/05 : Assistante photographe (F.GIACOBETTI, N.DESCOTTES)
09/2003 : Assistante plateau Studios DAYLIGHT PARIS 10e
06/2003 : Photographe Festival des « Fêtes de l’eau » DOUAI
10/2002 : Assistante photo-journaliste Photographie.com PARIS PHOTO
07-08/2002 : Photo-scénographe des « Visites surprises » DOUAI
07/2002 : Laborantin nb, couleur, c-print CYCLOPE PARIS 18e
05-06/2002 : Stagiaire Festival « TRANSPHOTOGRAPHIQUES » LILLE
01-04/2002 : Bourse ERASMUS MADRID Cuenca
05/2001 : Assistante photo-plateau tournage P.JACQ STRASBOURG
06-09/2000 : Assistante plasticienne DAKAR
03/2000 : Photographe Exposition Cécile BART STRASBOURG

Expositions collectives :
05/2006 : Espace Commines Salon de Mai Paris (Catalogue)
04/2004 : Centre culturel des Halles PARIS 1er
03/2004 : Salle d’ANCHIN DOUAI
09/2003 : CRAC ALSACE ALTKIRCH (Catalogue)
08/2002 : Salon de l’Avancée STRASBOURG
06/2002 : La Laiterie STRASBOURG
03/2002 : La Galerie MADRID Cuenca

Expositions personnelles :
10/2005 : Château de LOURMARIN
10/2004 : Château de LOURMARIN
07/2003 : Le Paname PARIS 17e
04/2003 : Ecole d’Art Ateliers du Soleil DOUAI

Résidence :
08/2005 : Château de LOURMARIN, Académie Beaux-Arts PARIS
08/2004 : Château de LOURMARIN, Académie Beaux –Arts PARIS (Catalogue)

Loisirs :
Photographie, cinéma, lecture, voyages, équitation et natation


(TRANSLATE)
Alexandra Meurant

I first came across Alexandra Meurant's work by chance, as I roamed the corridors of the Strasbourg Decorative Arts school, where we both studied some years ago. Two large black and white photographic prints were drying, taped to a piece of wood. They both depicted a young girl, eating an ice-cream, with the only difference that in one picture, whe was staring out of the frame, and in the other, her eyes were shut. It was so easy to go from one photograph to the other, eyes open, eyes shut, as in an ephemeral moment where we could grasp the simplicity, the lemon taste of the ice-cream, the warmth of the sun, and the distracted crowd in the background. This encounter with the open and closed-eyed girl stuck with me for several days. Then, once the prints were dry, they disappeared. Thus ended my first contact with Alexandra's work.
This first encounter now gives me the words to shed some light upon the rest of her work, into the system of facial rythm.
Of course, Alexandra develops portraiture. The human face and the different ways it can be photographed are a constant source of inspiration. Eyes open, eyes closed dyptics, portraits of children, friends, strangers - newly-weds and actors, as Alexandra grasps commercial work with originality and enthusiasm - and inhabitants of Lourmarin, a small town in the South of France, where she was a resident artist for two summers.
In Lourmarin, where she curiously captured the inhabitants, one by one, such as the mayor, the baker, the grocer, chatting old ladies, children and parents, the postman, local youths, the eccentric writer and the epicurian chef, we still feel the rythm, the delicate instant of the pose, frozen between two fugacious instants. Where the photographer's talent lies is where she can make us feel the life, as the moment where the trusting model can close their eyes as a gift to the truth of the camera.
The will to objectively observe could be translated as photographing faces like landscapes.
This theoretical curiosity leads her to go the opposite way. In the same dyptic form, which revealed so much about the twin images of the girl with the ice-cream, Alexandra tries to depict landscapes as portraits.
There you have it: Alexandra now works on the genre, often decried as flatly commercial, of decoration photography. She conscientiously photographs interiors, as if she accepted, with rare intelligence, the forcing aspect of assigned portraits as a way of binding model and photographer. She is now attracted to where the models live. She hunts there for the slightest sign of wear, which keeps an interior alive, and brings out its owner's habits.
Alexandra does this with delicacy. She put together a picture of Herve, a French artist in Berlin, and an image of his home, with an obsolete record player surrounded by nostalgic French records, in the dim back-light of a cold Northern afternoon. The face we see is not unknown. His eyes have looked at the pale window, the lonely machine, just as we are, in a perfect triangle uniting the model, the photographer, and the spectator.
Now, you may possibly seaze the movements of the people of Lourmarin, as all this is about them, and link them to this analysis of Alexandra's work. Not that her ways are conceptual. Her photographs are honest, they find their essence in a remarkable alchemy of visual energy and technical control. But this theoretical background and intrinsic interrogation, which constantly accompanies the practical aspect of the photographic gesture, allows Alexandra to grasp her models' humanity with rare sensibility and honesty. Her visual concern also reminds us of the noble art she began with, painting.

Dorothee Dupuis


CV

Alexandra Meurant
197, rue du Fbg St Martin
75010 PARIS
FRANCE

alexmeurant@hotmail.com
alexmbook.blogspot.com

PERSONAL INFORMATION
Born 23nd February 1980 in Douai, France

EDUCATION
1998-2003 : Ecole Supérieure in Decorative Arts, Strasbourg, France
1997-1998 : Ateliers de Sèvres, Paris, France
1996-1997 : Literary Baccalauréat, Art speciality

DIPLOMAS & QUALIFICATIONS
2003 : DNSEP Art speciality, with honours
2001 : National Plastic Arts Diploma, Art speciality, with honours

PROFESSIONAL EXPERIENCE
2004-05 : Assistant to photographer F.GIACOBETTI
Sept. 2003 : Set assistant, Daylight Studios, Paris, France
June 2003 : Photographer « Fêtes de l’eau » festival, Douai, France
Oct. 2002 : Photographer’s assistant, Photographie.com, Paris Photo, Paris France
Summer 2002 : Photographer & Scenographer, « Water festival», Douai, France
July 2002 : Black & white, colour and c-print, Cyclope laboratory, Paris, France
May-June 2002 : Work experience, Transphotographiques festival, Lille, France
January- April 2002 : Erasmus grant, Madrid, Spain
May 2001 : Set assistant , P. Jacq film shoot, Strasbourg, France
June-Sept. 2000 : Artist’s Assistant, Dakar, Senegal
March 2000 : Cecile Bart exhibition photographer, Strasbourg, France.

LANGUAGES
French, English, Spanish, German

SOFTWARE KNOWLEDGE
Microsoft Word, Adobe Photoshop, Final Cut

INTERESTS
Photography, travel, film, reading, horse-riding and swimming


EXIBITIONS & PRINTS
CRAC ALSACE Altkirch 2003
Château de Lourmarin 2004-05
Salon de Mai Paris 2006

Sunday, January 22, 2006

BOOK


LONDON, 2006

DOUAI, 2006
LOURMARIN, 2005
BERLIN, 2005

PARIS, 2006




LOURMARIN, 2005



BARCELONA, 2005

LOURMARIN, 2005

BERLIN, 2005